C’était notre troisième soirée dans ce club

 


L’ambiance ce soir-là avait quelque chose d’envoûtant. La lumière tamisée glissait sur les murs, la musique vibrait comme un souffle, et tout semblait inviter à l’abandon. Stéphane m’a pris la main, un peu nerveux, un peu curieux. Nous étions venus ici pour la Saint-Valentin, dans ce lieu où le désir flotte sans secret.

C’était notre troisième soirée dans ce club, et pourtant j’avais le cœur battant comme à la première fois. Peut-être parce que cette fois, il m’avait murmuré qu’il me laisserait libre — libre de regarder, de ressentir, d’aller où l’envie me porterait. Cette promesse, douce et audacieuse, m’avait donné des frissons.

Nous avons dansé longtemps. Le rythme s’emparait de moi, mes hanches suivaient la musique, mes pensées s’effaçaient peu à peu. Le parfum de Stéphane, son souffle contre mon cou, le velours des voix autour de nous — tout se mêlait dans un vertige délicieux.

Quand nous avons rejoint le grand salon, l’atmosphère était à la fois brûlante et feutrée. Les conversations s’effilochaient, remplacées par des soupirs à peine contenus. Des corps se frôlaient sans honte, dans une lente chorégraphie du désir. J’ai senti le regard de Stéphane sur moi. Ce regard qui me disait à la fois “je t’aime” et “ose”.

Je me suis tournée vers lui, nos lèvres se sont trouvées. Le baiser avait ce goût de feu et de promesse. Quand j’ai rouvert les yeux, une femme me regardait, assise tout près. Ses yeux brillaient d’une douceur amusée. À ses côtés, un homme observait la scène, serein, attentif.

Nos sourires ont suffi pour amorcer la rencontre. Quelques mots échangés, puis des rires. Leurs voix étaient calmes, posées, presque rassurantes. Je sentais entre nous quatre une curiosité réciproque, une envie partagée d’effleurer un peu plus loin sans rien forcer.

Je ne sais pas qui a fait le premier geste. Peut-être moi, peut-être elle. Un frôlement d’épaule, une main posée un peu trop longtemps, un regard qui s’attarde. Les minutes ont filé comme un rêve.

Leurs présences m’enveloppaient, leurs attentions se répondaient. Stéphane me regardait, silencieux, mais je voyais dans ses yeux qu’il comprenait. Qu’il partageait ce trouble, cette ivresse. C’était étrange et beau à la fois : nous nous découvrions autrement, dans ce miroir tendu par d’autres.

Le reste de la soirée s’est déroulé comme dans une bulle. Il n’y avait plus de temps, plus de place pour la pudeur. Juste la chaleur, les rires étouffés, la musique qui vibrait contre nos peaux. 

Par moments, je sentais le souffle de Stéphane dans mon cou, puis plus loin, la présence de l’autre couple, leur énergie mêlée à la nôtre, comme un courant invisible.

Rien n’était calculé. Tout se faisait dans la lenteur, dans l’écoute. Ce n’était ni trahison ni excès, simplement une autre manière d’aimer — en confiance, en curiosité, en abandon.

Quand enfin nous avons quitté le salon, la nuit semblait plus douce encore. L’air frais de dehors avait le goût du vertige. Stéphane m’a serrée contre lui, sans un mot. Ses doigts tremblaient un peu. Les miens aussi. Nous savions que quelque chose avait changé — pas nous, mais la manière dont nous nous regardions.

Cette soirée ne fut pas une folie, mais une révélation : celle du désir libre, offert sans peur, partagé sans détour. Une expérience hors du temps, à la fois tendre et brûlante.

Depuis, il nous arrive souvent d’y repenser, en silence. Un regard suffit, parfois, pour retrouver ce frisson. Ce soir-là, j’ai compris qu’aimer, c’est parfois oser laisser la lumière effleurer les zones d’ombre, sans jamais perdre de vue la douceur de la main qui nous tient.

Enregistrer un commentaire

Copyright © Detachemoi. Rédaction - Design OddThemes