Malgré les préjugés, cette pratique sexuelle est appréciée par de plus en plus d’hommes

La sexualité évolue, les tabous tombent — et pourtant certains restent tenaces. L’un des plus persistants : l’idée qu’un homme, dans une relation hétérosexuelle, ne doit pas accepter d’être pénétré analement. Et pourtant, les études montrent une tendance à la diversification des pratiques, à une ouverture croissante — y compris pour les hommes.

Une pratique en transition

Traditionnellement, dans la société française, la sexualité hétérosexuelle était largement centrée sur un modèle de pénétration d’une femme par un homme, et la zone anale — spécialement chez l’homme — restait « hors champ ».
Mais selon une enquête de l’institut Ifop, la zone anale masculine dans les rapports hétéro ne serait plus aussi interdite qu’elle semblait l’être. « L’anus des garçons qui couchent avec des filles est de moins en moins une zone interdite. »

 En parallèle, les professionnels de la proctologie précisent : « Ce n’est pas une sexualité réservée aux hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes. »

Que montrent les chiffres ?

Voici ce que les études disponibles nous apprennent :

  • Une enquête Ifop de 2019 indique que, chez les femmes : 51 % ont déjà « eu recours à la sodomie » (pénétration anale) en France.

  • Une autre étude Ifop pour « Observatoire européen de la sexualité féminine » observe que 22 % des femmes interrogées ont déjà introduit un doigt dans l’anus de leur partenaire masculin, 17 % ont déjà pratiqué l’anulingus.

  • Les données proctologiques expliquent aussi que la sexualité anale nécessite un accompagnement – la sexualité anale peut être douloureuse ou poser des risques (hémorroïdes, fissures, IST) si mal abordée

  • Toutefois, je n’ai pas trouvé de source publique fiable confirmant le chiffre « 52 % des hommes français ont déjà été pénétrés analement » avec la méthodologie, l’échantillon et le commanditaire précisés. Il convient donc de rester prudent avec ce chiffre.

Ce que cela signifie sur les rôles sexuels et la masculinité

L’un des enseignements intéressants : cette évolution est liée à une remise en question des rôles genrés dans la sexualité. La pénétration anale « passive » pour un homme peut encore être perçue comme une atteinte à la masculinité par certains. Par exemple, une enquête mentionne que 37 % des hommes interrogés considèrent qu’être pénétré analement constitue une atteinte à la masculinité — un chiffre plus élevé parmi ceux qui se disent religieux ou se positionnent à l’extrême droite. (À noter : je n’ai pas pu retrouver la source exacte de cette ventilation dans l’étude publique consultée.)
L’Ifop note aussi un clivage politique : « La vision traditionnelle de la masculinité — où elle est perçue comme antinomique à toute forme de pénétration anale passive — est forte dans les rangs les plus conservateurs. »

 Autrement dit : cette pratique s’inscrit dans une évolution plus large, où les frontières de la sexualité « traditionnelle » se redessinent, et où certains hommes assument davantage leur réceptivité – ce qui peut aller de pair avec une vision de la sexualité plus égalitaire.

Santé & consentement : deux dimensions à ne pas négliger

  • Quant à la santé : la stimulation anale — comme toute pratique sexuelle — nécessite attention : lubrification suffisante, communication, protection en cas de pénétration. Les proctologues alertent sur les douleurs à la pénétration anale (« anodyspareunie ») et recommandent de rechercher d’abord une pathologie locale si des douleurs persistent

  • Quant au consentement : même si la pratique se banalise, le désir d’expérimentation ne saurait remplacer une communication claire entre partenaires. Il est essentiel que chacun exprime librement ce qu’il souhaite — ou non. Les chiffres féminins montrent que, dans certains cas, l’engagement dans la pratique peut provenir davantage du souhait de faire plaisir que du désir propre.

  • Enfin, dans une perspective de santé publique, l’ouverture à des zones de plaisir jusque-là sous-explorées (comme la prostate masculine) peut conduire à une plus grande conscience corporelle, potentiellement bénéfique – par exemple sur le dépistage du cancer colorectal ou prostatique — bien que je n’aie pas trouvé de donnée chiffrée robuste reliant directement la pratique à des taux de dépistage améliorés.

En conclusion

Oui, la pratique de la pénétration anale — y compris pour les hommes en relation hétérosexuelle — semble gagner en légitimité et en visibilité. Non, les tabous ne sont pas totalement tombés. Oui, elle s’inscrit dans une transformation plus globale de la sexualité et des rôles genrés.
Pour autant : il ne s’agit pas d’imposer un modèle ou une « norme », mais bel et bien d’ouvrir des espaces de réflexion, d’échange, de consentement — pour que chacun puisse explorer (ou non) librement ce qui lui plaît, dans le respect mutuel.

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