Le Shibari où l’art de passer de la torture à l’extase…
Tous les libertins le savent, les à priori et le libertinage ne font
pas bon ménage, la définition de l’un étant à l’opposé de celle de
l’autre. Et pourtant… Le BDSM et certaines de ses déclinaisons, parmi
lesquelles le Shibari, ne sont pas toujours perçus pour ce qu’elles
sont, et ce parmi les libertins eux-mêmes. Comme quoi, nul n’est
prophète en son pays ! Nous sommes donc partis à la rencontre de Pat et
Sally, deux libertins pratiquant le Shibari et ayant réalisé une
prestation remarquée et remarquable à l’une des désormais célèbres
soirées Dark Fetish de la Chrysa. Attention, après la lecture de cette
interview, vous ne regarderez plus de la même manière le moindre bout de
ficelle !
Pat : Le Shibari, chacun se l’approprie à sa manière. Pour nous, c’est une forme d’art et nous nous sommes presque inventés notre histoire du Shibari. On se l’ait approprié, il y a une forme de cheminement qui est personnel, subtil mélange de domination, de mise en valeur de la femme etc. Nous nous sommes donc fait notre propre Shibari «Made in PatEtSally».
Sally : Nous avons commencé par du BDSM soft, comme les fessées, puis
il y a deux ans nous avons fait une visite au clair obscur au Cap
d’Agde à l’occasion d’une soirée initiation au Shibari. Je n’en avais
jamais parlé mais j’avais vu des émissions traitant de cette thématique
qui m’intéressait. Donc il est vrai que c’est moi qui l’ai amené à cette
soirée car j’avais très envie de me faire encorder.
Pat : C’est vraiment la première fois où nous avons été dans une soirée BDSM. Habituellement nous ce que l’on aime bien c’est le décalage avec la normalité. On aime, entre guillemets, choquer. Par contre une soirée BDSM au sens commun du terme est plutôt trop hard pour nous et nous avons regardé cela avec de grands yeux. Nous sommes allés par exemple à une soirée Démonia (NDLR : A Paris) où nous avons été un peu dépassés par les événements. Lors de ces soirées, il n’est pas rare qu’il y ait un millier de participants. On y trouve donc de tout : shibari, fouet, martinet, latex, bondage, etc. Dans ce contexte, nous sommes spectateurs. Par contre lorsque je mets une fessée à Sally, nous ressentons une excitation à faire des choses décalées par rapport à une certaine « bienséance » d’une soirée libertine classique en club. Mais il est vrai que j’ai été étonné de la demande initiale de Sally, d’autant plus que j’avais un a priori par méconnaissance et que je pensais que ce type de pratiques était très hard.
Sally, tu sembles prendre un malin plaisir à déambuler avec des accessoires qui t’interdisent les portiques d’aéroport. C’est un certain goût pour la provoc ou un réel choix de vie ?
Sally : C’est du plaisir de montrer à tous que je suis sa soumise. Et
pour moi être enchaînée, attachée, tenue en laisse, c’est de la provoc
et en même temps, j’éprouve de la fierté à lui obéir.
Pat : Il faut également ajouter qu’elle a un côté exhib assez marqué.
Pat : Nous sommes attirés par l’Urbex (NDLR : L’exploration urbaine) puis le Nurbex (photo de nu dans des décors urbains) dans des endroits particuliers (tag, militaire désaffecté, milieu industriel etc). Ensuite, nous sommes passés au Nurbex Shibari avec une préférence pour les suspensions.
Sally : La partie que je préfère est la suspension car j’aime être soumise.
Pat : Pour ma part, je prends le plaisir au même moment qu’elle. Quand je suis derrière elle et que je lui prends les deux bras derrière le dos, que je passe la première corde, je serre et là elle sait qu’elle est à ma merci. Moi je sais qu’à partir de ce moment-là, elle ne peut plus rien faire et c’est moi qui décide de la séance. Je la sens alors s’abandonner et c’est encore mieux si elle a les yeux bandés car elle s’abandonne d’autant plus. Et le fait d’être en public ajoute encore une touche par son côté exhib. Pour être honnête, lorsque je la détache, je peux vérifier aisément qu’elle a pris beaucoup de plaisir !!!
Pat : D’ailleurs la première fois qu’elle s’est faite encorder au
clair obscur, l’encordeur m’a dit juste après la séance « tu devrais
très très vite apprendre à encorder car c’est quelque chose qui lui
plait énormément ».
En tant qu’encordeur, je constate la même chose et j’arrive dès les premiers instant d’une séance à détecter si la personne va s‘abandonner ou pas. Si elle ne s’abandonne pas, il est inutile d’aller plus loin. Le but est de partager quelque chose de fort, pas de se mettre dans des situations de galère.
Sally : Oui car on essaye de réaliser de beaux tableaux, sans vulgarité.
Pat : Oui car le BDSM et le libertinage sont deux mondes différents.
Nous sommes des libertins et nous pratiquons le BDSM mais il y a
également beaucoup de gens pratiquant le BDSM qui ne sont pas libertins
pour autant. Le Shibari dans le libertinage n’est pas forcément reconnu à
sa juste valeur. Lorsque l’on débarque dans un club dans lequel par un
effet de mode une démo est réalisée ; les gens attendent bien souvent
impatiemment la fin pour se précipiter dans les coins câlins. Une soirée
telle que les soirées Dark Fetish de la Chrysa sont complètement
différentes car elles sont fortement orientées vers l’univers Fetish.
Pour reprendre ce qu’a dit Sally, il y a des endroits libertins que nous
fréquentons où l’on nous demande de faire de petits shows. En fait,
cela nous enferme car les gens pensent que ce sont nos seules pratiques.
La question qui tue Sally… Et si une fois attachée, suspendue et bâillonnée tu as le bout du nez qui gratte, comment fais-tu ?
Sally : Ah mais il est adorable et il me gratte le nez ! Il ne me
laisse pas en plein désarroi !!! Ce qu’il faut savoir c’est que lorsque
je suis encordée nous sommes toujours en contact. Nous sommes en
symbiose, on se parle.
Pat : Dans femme objet, il y a le mot objet. Et quand tu as des
objets à la maison, tu ne les laisses pas plein de poussière. Tu en
prends soin. Et bien là c’est la même chose. Si mon objet a le nez qui
gratte, je lui gratte le nez car je veux que mon objet vive pleinement
sa condition d’objet. Je veux qu’elle soit vue dans toute sa splendeur,
aussi bien physique que morale et le grattage de nez contribue au moral !
Sally : C’était une super belle expérience. J’ai eu un petit peu de stress/excitation, une montée d’adrénaline.
Pat : Moi j’en sais rien, j’étais dans ma bulle !!! Il y avait un public nombreux et c’était en fait le top, bien différent de ce que j’ai déjà vécu en tant que spectateur. J’ai souvent vu des encordeurs qui étaient ignorés du fait du thème de la soirée qui n’était pas spécialement orientée BDSM/Shibari. Lors de cette soirée Dark Fetish à la Chrysa, tout était complètement différent. Les gens étaient là pour ça et jouaient le jeu. Il y avait des libertins qui étaient là pour du BDSM. Alors que ce n’était pas forcément le cas pour d’autres personnes qui arrivaient vers les 3h du matin et qui n’étaient là que pour coquiner. Les gens qui assistaient au spectacle n’étaient donc pas là par hasard et c’est ce qui change tout.
Je tiens également à signaler que nous avons été particulièrement bien accueillis à la Chrysalide. Le lieu nous plait, on y vient avec plaisir. Et l’équipe est vraiment super sympa.
Pat : Oui car on s’est retrouvé avec des pros et nous n’avons pas été du tout mis de côté. Je me sentais comme à la maison. Leur état d’esprit est vraiment top.
PatEtSally06… mais qui donc se cache derrière ce pseudo Wyylde ?
Pat : Je suis libertin depuis toujours, nous sommes ensemble depuis
10 ans et j’ai fait découvrir le libertinage à Sally depuis nos débuts
ensemble. En fait, j’ai un côté éducateur qui m’a permis d’identifier
chez ma petite Sally un certain potentiel… intéressant. Mais à vrai dire
désormais, il y a des moments où l’élève étonne le maître !
Le Shibari, kézako ?
Sally : A la base le Shibari est une torture japonaise qui était
utilisée pour faire souffrir les prisonniers de manière lente et assez
horrible. Dans le milieu SM, il y a différentes pratiques.…Pat : Le Shibari, chacun se l’approprie à sa manière. Pour nous, c’est une forme d’art et nous nous sommes presque inventés notre histoire du Shibari. On se l’ait approprié, il y a une forme de cheminement qui est personnel, subtil mélange de domination, de mise en valeur de la femme etc. Nous nous sommes donc fait notre propre Shibari «Made in PatEtSally».
Comment êtes-vous venu au BDSM ?
Pat : J’étais certes libertin depuis 30 ans mais innocent dans le
milieu du BDSM. Je vais donc laisser la parole à ma chère et tendre.Pat : C’est vraiment la première fois où nous avons été dans une soirée BDSM. Habituellement nous ce que l’on aime bien c’est le décalage avec la normalité. On aime, entre guillemets, choquer. Par contre une soirée BDSM au sens commun du terme est plutôt trop hard pour nous et nous avons regardé cela avec de grands yeux. Nous sommes allés par exemple à une soirée Démonia (NDLR : A Paris) où nous avons été un peu dépassés par les événements. Lors de ces soirées, il n’est pas rare qu’il y ait un millier de participants. On y trouve donc de tout : shibari, fouet, martinet, latex, bondage, etc. Dans ce contexte, nous sommes spectateurs. Par contre lorsque je mets une fessée à Sally, nous ressentons une excitation à faire des choses décalées par rapport à une certaine « bienséance » d’une soirée libertine classique en club. Mais il est vrai que j’ai été étonné de la demande initiale de Sally, d’autant plus que j’avais un a priori par méconnaissance et que je pensais que ce type de pratiques était très hard.
Sally, tu sembles prendre un malin plaisir à déambuler avec des accessoires qui t’interdisent les portiques d’aéroport. C’est un certain goût pour la provoc ou un réel choix de vie ?
Pat : Il faut également ajouter qu’elle a un côté exhib assez marqué.
S’abandonner à son dominant est-il jouissif ?
Sally : Oui ! (NDLR : un Oui franc et massif ne laissant aucune place à l’ambiguïté !)
Qui a eu l’envie de tester cette pratique ?
Sally : Moi. La première fois a été au clair obscur et c’est vrai que
cela m’a beaucoup plu. On avait décidé d’y retourner et puis finalement
le hasard a fait que des amis nous ont mis en contact avec un Maitre
qui donnait des cours de Shibari et qui habitait près de chez nous. Nous
sommes devenus amis et cela fait maintenant deux ans que nous suivons
ses cours.
Le Shibari, c’est à la portée de chacun après un passage
à Casto ?
Sally : Non et surtout pas pour la suspension ! Le « maître » mot est
la précaution. Ca ne s’improvise pas. Le matériel à utiliser est bien
spécifique (type de corde, d’anneau, points de passage des cordes, etc).
Dans quels endroits pratiquez-vous et pourquoi ?
Sally : A la maison en premier lieu et partout où l’on peut avec une
forte attirance pour les endroits insolites pour faire de belles photos.Pat : Nous sommes attirés par l’Urbex (NDLR : L’exploration urbaine) puis le Nurbex (photo de nu dans des décors urbains) dans des endroits particuliers (tag, militaire désaffecté, milieu industriel etc). Ensuite, nous sommes passés au Nurbex Shibari avec une préférence pour les suspensions.
Que préférez-vous durant une séance ? La phase
d’encordage, la pose ou la libération ?
Pat : Pour ma part, je prends le plaisir au même moment qu’elle. Quand je suis derrière elle et que je lui prends les deux bras derrière le dos, que je passe la première corde, je serre et là elle sait qu’elle est à ma merci. Moi je sais qu’à partir de ce moment-là, elle ne peut plus rien faire et c’est moi qui décide de la séance. Je la sens alors s’abandonner et c’est encore mieux si elle a les yeux bandés car elle s’abandonne d’autant plus. Et le fait d’être en public ajoute encore une touche par son côté exhib. Pour être honnête, lorsque je la détache, je peux vérifier aisément qu’elle a pris beaucoup de plaisir !!!
Sally, peut-on dire que tu prends ton plaisir dans le
fait de t’abandonner, de ne rien décider et ainsi de ne pas porter la
responsabilité des actes qui suivent…
Sally : Oui tout à fait et comme je suis très exhib les yeux bandés
m’excitent encore plus. Le fait d’avoir des spectateurs est encore bien
plus excitant. Je peux ressentir une forme de jouissance, différente
mais oui c’est une forme de jouissance.En tant qu’encordeur, je constate la même chose et j’arrive dès les premiers instant d’une séance à détecter si la personne va s‘abandonner ou pas. Si elle ne s’abandonne pas, il est inutile d’aller plus loin. Le but est de partager quelque chose de fort, pas de se mettre dans des situations de galère.
Pat, la responsabilité d’encorder en sécurité, sans
blesser et en procurant du plaisir… ça doit faire des nœuds au cerveau…
Pat : Absolument, cela fait des nœuds au cerveau ! Quand je pratique,
je me mets dans une bulle et je deviens imperméable à tout ce qui se
passe à l’extérieur, au point d’étonner des connaissances d’autres
milieux qui me découvrent dans celui-ci. Il y a le plaisir que je prends
à le faire, associé à la notion de sécurité qui est indispensable. Il
faut également penser que j’encorde mon modèle, ma soumise, ma compagne,
mon tout ! Donc il ne faut pas que je casse le jouet, je dois garder la
chose en bon état de fonctionnement (NDLR : en riant…).
Vous réalisez des photos de toute beauté… Pat c’est une
manière de sublimer sa moitié, de partager cette pratique avec le plus grand
nombre ou un simple plaisir narcissique ?
Pat : Nous aimerions en montrer plus mais notre principal frein est
de savoir si ce que l’on va montrer ne va pas heurter les gens, une
certaine bienséance ou heurter des préjugés battis sur une
méconnaissance totale de notre pratique. Souvent Sally rentre le soir et
me dis « qu’est-ce que c’est dommage que plus de gens ne soient pas au
courant de ce que je fais ». Nous aimons énormément partager ce que l’on
fait. Le plaisir est de titiller les sens.Sally : Oui car on essaye de réaliser de beaux tableaux, sans vulgarité.
Le Shibari fédère t’il dans le libertinage ou c’est
chacun ses cordes ?
Sally : Comme le Shibari est plus lié au BDSM, on rencontre ce type
de pratique dans des soirées qui ne sont pas forcément fréquentées par
des libertins. Le Shibari ne nous a pas permis de coquiner plus.La question qui tue Sally… Et si une fois attachée, suspendue et bâillonnée tu as le bout du nez qui gratte, comment fais-tu ?
Vous arrive t’il d’avoir des relations sexuelles durant
une séance de Shibari ?
Pat : Nous ne pratiquons pas de sexe dans les cordes. Cela rentre
dans ce que je disais tout à l’heure vis-à-vis de la protection, surtout
lorsqu’elle est suspendue. Lorsque l’on est encordé à terre, certaines
choses sont possibles mais pas suspendu car ce sont des actes à risques.
Personne ne s’approche de mon objet durant un encordage !
Une anecdote à partager ?
Pat : Notre vie est une anecdote ! Parce que chaque moment est
unique. Mais on peut quand même raconter un épisode où je l’ai encordée
dans un cerisier en fleur. Pendant que je l’encordais, je me disais «
mais c’est bizarre on entend un vrombissement», on aurait dit un bruit
de B52. En fait, le cerisier était plein d’abeilles ! Quand je m’en suis
aperçu, je l’ai lâchement abandonnée, je me suis reculé… et j’ai pris
des photos ! Mais rassurez-vous, elle n’a pas été piquée !
Faire un show à la Chrysa durant une soirée Fetish, ça
fait quel effet ?
Pat : Ah c’est bon !Sally : C’était une super belle expérience. J’ai eu un petit peu de stress/excitation, une montée d’adrénaline.
Pat : Moi j’en sais rien, j’étais dans ma bulle !!! Il y avait un public nombreux et c’était en fait le top, bien différent de ce que j’ai déjà vécu en tant que spectateur. J’ai souvent vu des encordeurs qui étaient ignorés du fait du thème de la soirée qui n’était pas spécialement orientée BDSM/Shibari. Lors de cette soirée Dark Fetish à la Chrysa, tout était complètement différent. Les gens étaient là pour ça et jouaient le jeu. Il y avait des libertins qui étaient là pour du BDSM. Alors que ce n’était pas forcément le cas pour d’autres personnes qui arrivaient vers les 3h du matin et qui n’étaient là que pour coquiner. Les gens qui assistaient au spectacle n’étaient donc pas là par hasard et c’est ce qui change tout.
Le mot de la fin pour nos lecteurs…
Sally : N’hésitez pas à découvrir le Shibari !Je tiens également à signaler que nous avons été particulièrement bien accueillis à la Chrysalide. Le lieu nous plait, on y vient avec plaisir. Et l’équipe est vraiment super sympa.
Pat : Oui car on s’est retrouvé avec des pros et nous n’avons pas été du tout mis de côté. Je me sentais comme à la maison. Leur état d’esprit est vraiment top.
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