Ce soir-là, pour mes cinquante ans, je ne savais rien de ce que mon mari m’avait préparé. Il m’avait simplement demandé de me rendre disponible, de me faire belle, et de lui faire confiance. J’avais obéi, intriguée, excitée par cette énigme qu’il tissait depuis des jours.
Je portais une robe en velours noir, fendue juste assez pour laisser deviner mes jambes. Un collier fin soulignait mon cou, et mes cheveux étaient relevés en un chignon flou, comme il les aime. Sous la robe, un ensemble de lingerie en dentelle ivoire, choisi pour moi, pour lui, pour ce moment.
Il m’a conduite dans un lieu que je ne connaissais pas. Une maison discrète, aux volets clos. À l’intérieur, la lumière était tamisée, l’air parfumé au bois de santal. Une musique douce flottait dans l’espace. Il m’a prise par la main, m’a fait asseoir sur un fauteuil, et m’a noué un bandeau sur les yeux.
« Ce soir, tu es reine. Tu n’as rien à faire, juste à ressentir. »
Je n’ai pas répondu. Mon cœur battait fort. Je me suis laissée glisser dans l’inconnu.
Le silence s’est installé, puis des pas feutrés ont résonné. Une main s’est posée sur mon épaule, puis une autre sur ma cuisse. Ce n’était pas mon mari. Je le savais. Son toucher est plus assuré, plus familier. Celui-ci était hésitant, presque timide. Mais doux. Respectueux.
Je sentais mon corps s’éveiller, lentement. Les mains se faisaient plus audacieuses, mais jamais brusques. Ma robe a glissé sur mes épaules, mes jambes se sont entrouvertes sans que je m’en rende compte. Une bouche s’est posée sur mon cou, une autre sur mon poignet. Mon mari était là, je le sentais près de moi. Il guidait, il orchestrai. Il m’offrait.
Je ne savais plus combien ils étaient. Deux, peut-être trois. Mais je n’avais pas peur. Je me sentais enveloppée, célébrée. Chaque geste était une offrande. Une main dans mes cheveux, une autre sur mon ventre. Une langue sur ma clavicule, des doigts qui effleuraient mes hanches.
Puis, mon mari a murmuré à mon oreille : « Tu es magnifique. »
J’ai souri. J’étais à lui, mais ce soir, il me partageait. Non pas par provocation, mais par amour. Pour me faire vivre quelque chose de rare, de beau, de troublant.
Le bandeau est resté sur mes yeux. Je ne voulais pas voir. Je voulais sentir. Être dans l’abandon total.
Quand le plaisir est venu, il n’a pas été brutal. Il a été lent, profond, enveloppant. Comme une vague chaude qui m’a traversée. Je me suis laissée aller, portée par leurs gestes, leurs souffles, leurs murmures.
Et puis, le silence est revenu. Le bandeau a été retiré. Mon mari était là, souriant, tendre. À ses côtés, son ami, que je connaissais à peine. Il m’a regardée avec respect, avec douceur. Rien n’était déplacé. Tout était juste.
Ce soir-là, pour mes cinquante ans, j’ai reçu un cadeau que je n’oublierai jamais. Un moment suspendu, hors du temps. Une célébration de mon corps, de mon âge, de mon désir. Et surtout, une preuve d’amour absolue.


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